Eugène Savitzkaya (cercles spirales tresses lignes)
On peut omettre certains
jours d'observer les signes qui apparaissent sur la mer calme. Ils ne nous
seront jamais d'aucun secours. Face au ciel, une petite quantité de cercles
cherchent à se former et il s'en faut de peu qu'ils ne se bouclent.
Mais il s'avère aussitôt
qu'aucune courbe ne se résout dans un cercle, qu'il y a mieux, qu'il y a la
tresse infinie et, mieux encore que la tresse infinie, il y a la merveilleuse
spirale qui augmente ou s'éteint sans jamais aboutir à l'extinction totale.
Mais voilà que cette
image aussi se désagrège et se disperse, et le ressort esquissé s'affaisse. On
s'aperçoit alors que ces signes immédiatement perceptibles se trouvent englobés
dans de vastes circonférences manquées de justesse, se déployant sur toute la
surface visible de la mer.
Des cercles en train de
se boucler ou des morceaux de circonférences éclatées. Mais, alors que la
pensée s'enlise peu à peu dans un fouillis de courbes, on voit que l'époque des
courbes est soudain révolue et que commence le temps des lignes parallèles.
Le vent travaille pour nous.
In « En
vie »
Photo Roue de la Vie au
Bhoutan