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Voyage dans les mots
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30 mars 2010

J.-B. Pontalis

tableau_fabrique_w600

 

Je viens d’être l’hôte d’une jeune association lyonnaise qui s’est donné comme intitulé La Fabrique des idées. Son propos est d’engager ses divers invités – écrivains, sociologues, philosophes, psychanalystes – à retracer leur parcours, à indiquer comment ils en sont venus à penser comme ils pensent.

« Fabrique des idées », je peinais à accueillir favorablement ces mots. A « fabrique », à « fabriqué » plus encore, je donnais un sens péjoratif. Bien souvent, lisant un livre, j’arrête ma lecture, me disant : c’est bien ficelé (je sens les ficelles), plutôt bien écrit (je sens l’application), l’histoire tient debout (trop peut-être, rien ne vacille), mais c’est fabriqué, sans que je sache précisément, mais l’impression est forte, ce que j’entends par là : peut-être un livre qui ne répondrait à aucune nécessité interne, un livre dont l’auteur saurait où il va et où il veut conduire son lecteur. Il ne nous laisserait pas libre d’inventer le nôtre à partir du sien.

J’ai pensé à ces mots de Pascal Quignard auxquels j’aimerais tant être fidèle :
« J’écris parce que j’ai besoin de dire quelque chose que j’ignore. »

Non, décidément, un livre ne se fabrique pas.
Il s’écrit, il avance tel un aveugle qui palpe les murs et les objets invisibles autour de lui. Nous n’exigeons pas d’un écrivain qu’il soit fou, seulement déboussolé. Nous souhaitons rencontrer un aveugle qui nous fasse, pour un temps du moins, visionnaire.

 In « En marge des nuits »
Tableau V. Cornis : " La Fabrique CAMOIN de la rue d'Aubagne ", 1861

 

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Commentaires
F
Bonne route.
F
« J’écris parce que j’ai besoin de dire quelque chose que j’ignore. »<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Je vous ai écrit une lettre si sèche. Mais ce que je n’ai pu écrire s’est gonflé et gonflé comme autrefois les dirigeables pour finalement partir dans le ciel de la nuit.<br /> <br /> <br /> <br /> Tomas Tranströmer in Baltiques<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Ile<br /> <br /> <br /> <br /> Siècle civilisé,<br /> <br /> Si lent silence, <br /> <br /> Si lents cieux,<br /> <br /> <br /> <br /> Iles Lavezzi…<br /> <br /> <br /> <br /> Longtemps, j’ai cherché,<br /> <br /> Cherché la phrase<br /> <br /> Cherché les mots<br /> <br /> Qui diraient <br /> <br /> Tout.<br /> <br /> <br /> <br /> Un rien j’écrivis,<br /> <br /> Maux dit-on.<br /> <br /> <br /> <br /> Ile aux Moutons…<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai Echoué.
F
« Perdre de vue »… Un très bel ouvrage de Jean Bernard Pontalis.<br /> <br /> <br /> <br /> Pascal Quignard : « J’écris parce que j’ai besoin de dire quelque chose que j’ignore. » Et combien…<br /> <br /> <br /> <br /> Et Jacques Brel :<br /> <br /> <br /> <br /> « Prenez une cathédrale<br /> <br /> Et offrez-lui quelques mâts<br /> <br /> Un beaupré, de vastes cales<br /> <br /> Des haubans et halebas<br /> <br /> Prenez une cathédrale<br /> <br /> Haute en ciel et large au ventre<br /> <br /> Cette cathédrale en pierre<br /> <br /> Traînez-la à travers prés<br /> <br /> Jusqu'où vient fleurir la mer<br /> <br /> Hissez la toile en riant<br /> <br /> Et filez sur l'Angleterre….<br /> <br /> <br /> <br /> Et voici le Pacifique<br /> <br /> Longue houle qui roule au vent<br /> <br /> Et ronronne sa musique<br /> <br /> Jusqu'aux îles droit devant<br /> <br /> Et que l'on vous veuille absoudre<br /> <br /> Si là-bas bien plus qu'ailleurs<br /> <br /> Vous tendez de vous dissoudre<br /> <br /> Entre les fleurs et les fleurs<br /> <br /> Prenez une cathédrale<br /> <br /> Hissez le petit pavois<br /> <br /> Et faites chanter les voiles<br /> <br /> Mais ne vous réveillez pas<br /> <br /> Prenez une cathédrale<br /> <br /> De Picardie ou d'Artois<br /> <br /> Partez pêcher les étoiles<br /> <br /> Mais ne vous réveillez pas... ».<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Au fil de mon existence, nommons ceci comme cela, j’ai quitté tous les lieux où j’ai vécu mais aussi toutes les convictions auxquelles j’ai eu l’illusion de croire, credere, crédence (« ses purs ongles très hauts »)… Je n’ai plus la sensation de m’appartenir et s’il m’arrive de côtoyer d’autres hérissons, « humains trop humains », je ne n’appartiens à personne et réciproquement … « Dis vrai qui parle d’ombre »<br /> <br /> <br /> <br /> Habiter le silence, garder l’humour d’un Pierre Desproges narguant sa maladie, s’asperger d’ironie (Kafka), et s’endormir en écoutant la note du bateau qui fait mer, barre, et corps, en laissant chanter ses voiles.
F
Mille combes d’ignorance<br /> <br /> « Tout ce que je sais,<br /> C’est que je ne sais rien. »<br /> <br /> <br /> A jusant pastel, pas mêlés incertains, affection singulière, convalescente et sage,<br /> Tôt cultivée des testaments esbaudie à l’inclination angoissée possessive et féale<br /> Vague étale frêle, parallèles croisées, âge timide du sceptique à l’idole sans fard.<br /> <br /> Froisser sa foi dissidente de réforme, réserve quiète et progrès, sans dieu images<br /> Pudeur transparence voilée causticité parfois et voix de gorge pour parole loyale.<br /> Caté sans clergie, l’insensé censure l’aimantée dissemblance désirée, qui l’égare.<br /> <br /> Point ne ploie le fin roseau seul grand largue, encores et déjà ailleurs et sauvage,<br /> Tels les fiers ajoncs austères de ruine sans armes affrontés aux rafales de mistral<br /> Ironique au païen, esquifs mirés, aïeux marins, brumes et baie, estrans de hasard.<br /> <br /> Souvenirs somnolés, l’esquisse ritournelle l’aquarelle intemporelle telle l’orage,<br /> Aux vives eaux sans oubli l’onirique filet puise l’irisée prunelle au pli palpébral,<br /> Cligne-levis ourlés, reflets éclair enchâssés, miroir de l’œil, mystère d’un regard.<br /> <br /> Trinité flâneuse, quai, presse, Monde quotidien, localier constat à la une, étiage,<br /> Corentin des lustres évité pommes au pommier, amers alignés du bien et du mal.<br /> Tant d’amis éprouvés taisant d’avant cède à la toile, apaisé d’harmonieux vivoir.<br /> <br /> Sonate sans verbe, café Pascal, visages intenses cheminent, au pari sans bagage. Barrière fleurie rompt trine silence. Lou, journée celée blason de paix hivernale,<br /> Coulpe et amitiés retenues. Sans ressort, mots se mêlent en scholie et brouillard.<br /> <br /> Vif, valse le pont Titanic, marche de noèmes en noèses la sente amie du langage. Longtemps voulue…Histoire simple impossible…signe l’une colombe amicale. <br /> Tribu à suet, roule s’enroule toujours la houle, rien pulvérisé d’éternité illusoire.<br /> <br /> Sol si las échangés, silences épars. Pléiades, trous noirs, quasars, chaos sans âge<br /> Entrelacs, écoutes du monde en voile d’ignorance. Estuaires éphémères d’opale.<br /> Recouvrance son visage sans besoin et donne sans l’avoir, l’indigo aboli du soir.
D
Beau texte et belle citation de Quignard.
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