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Voyage dans les mots
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15 mars 2007

Pascal Quignard

CHAPITRE XXXV

Coniventia (extraits)



Si on abandonne la description de ce qu'on éprouve parce que tout est déjà ressenti avant qu'on le suggère, alors on commence d'aimer. Quand on s'approche encore plus de l'autre que ne peuvent le faire le langage, la main, le sexe, la bouche, on aime.

*

Le mot de Circé : Ce que je ne montre pas je te le montrerai.

*


Circé dit : Confier sa nudité (dévoiler le trou de l'excrétion, dévoiler le trou de la reproduction, dévoiler le sexe et les génitoires), avouer son corps ensommeillé dans la nuit, confier son nom et raconter son secret, telles sont les quatre marques de l'amour.

*


Aimer, c'est pouvoir penser tout haut avec un autre être humain.
Confier ce qui passe par la tête, c'est comme arracher le voile sur sa nudité et ses états.
L'intimité ne se discerne pas de l'extrême franchise. C'est l'indécence même.
C'est Circé : On ne se livre à une femme qu'après l'intimité. Cette intimité est
1. extrêmement dangereuse,
2. totalement passionnante.
Plus rien n'est en arrière des yeux. Plus rien n'est en réserve de la vue.
L'association libre a un sens d'abord social : deux individus forment une « société libre ». Ce qui est une contradiction dans les termes. Ce n'est que dans un second sens que l'expression veut dire parler sans entraves. Mais cette expression dans son sens premier présente l'avantage de définir de façon très agressive le contraire de l'état de mariage.
L'association libre la plus libre provoque l'union la plus audacieuse. Le désir traverse la paroi de l'identité personnelle et sociale.

In, "Vie secrète"

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