Régis Debray
Du bon usage du
sacré
C'est moins une thèse
qu'un constat : un nous se noue par un acte, délibéré ou non, de
sacralisation. Le sacré ne représente donc pas un luxe personnel, dépense
somptuaire ou supplément d'âme, mais un bien de première nécessité : c'est le
plus sûr moyen de mise en commun dont dispose un ensemble flou pour faire corps
et se perpétuer. Encore faut-il préciser de quoi il retourne. Inutile, pour
cette mise au net, de lever les yeux au ciel. Mieux vaut, puisque le lien entre
générations a toujours besoin de repères fixes, poser l'oeil naïf du
photographe sur quelques hauts lieux de ce bas monde, et en tirer deux ou trois
enseignements prosaïques. (à suivre)
In « Le moment
fraternité »
Photo
« Boléro » de Ravel, Maurice Béjart