Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Voyage dans les mots
Voyage dans les mots
Derniers commentaires
30 décembre 2008

Théodore Monod

d_sert



Le désert, c'est aussi l'apprentissage de la soustrac­tion. Deux litres et demi d'eau par personne et par jour, une nourriture frugale, quelques livres, peu de paroles. Les veillées du soir sont consacrées aux légendes, aux contes, au rire. Le reste appartient à la méditation, au spirituel. Le cerveau met le cap en avant. Nous sommes enfin débarrassés des futilités, des inutilités, des bavardages. L'homme, cette étincelle entre deux gouffres, trace ici un chemin qui s'effacera après son passage.

Soustraire, se soustraire ; prendre l'essentiel non seu­lement d'objets mais de pensées, cet allégement est déjà une philosophie.
Le désert n'est pas complaisant. Il sculpte l'âme. Il tanne le corps.
Il faut supporter le soleil intense du jour, le froid de la nuit. Trouver de l'eau, cette richesse. Supporter de perdre le sens du temps et de l'espace. Ceci n'est pas réservé qu'aux novices.
Si ce vertige prend un Touareg, vous le verrez s'allonger, se recouvrir de son burnous. L'arrêt, le sommeil, l'obscu­rité, le silence le recentrent. Car le désert, dans le Ténéré par exemple, offre, comme la mer, un horizon perpé­tuellement circulaire. [...]

Les nomades se réfèrent toujours aux astres, au vent. Quelques mots d'un Bédouin m'ont toujours plus appris que ceux des professeurs. C'est pourquoi j'interroge toujours les pèlerins du désert. Leur acuité visuelle, mentale, instinctive est admirable. Le nomade s'appuie sur des repères infimes dans un paysage quasi déser­tique : une bande de sable de telle couleur, un ensemble de pierres de telles formes. L'homme est lié au paysage et sa vigilance lui garantit une liberté toujours fragile.

In « Le chercheur d’absolu »

« Mère et fille » photo Thérèse 2001

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Ce texte me touche particulièrement, l'expérience du désert est vraiment riche d'enseignements sur soi et notre rapport au monde... Belle année à vous. Fabienne
A
Un extrait de Marie d'Egypte :<br /> <br /> Le désert bruisse autour de ton silence. Autour des paroles, des prières, des supplications closes en toi. Tes yeux deviennent silence à leur tour, dérivent vers la cécité. Pour mieux te clore, tu ne pries plus debout, mais couchée, affalée sur le sol, repliée, lovée sur toi-même...<br /> <br /> Et cet extrait du Net :<br /> <br /> Ce roman, ce conte-histoire débute aux temps où finissait un monde.<br /> Au IVe siècle, les dieux anciens quittaient l'Egypte. A Alexandrie, capitale de la volupté, vivait Marie, la plus belle et la plus libre de toutes les prostituées de la ville. Près du port, elle se donnait aux hommes jour et nuit, dans l'ivresse du plaisir partagé. Mais tandis que l'histoire inverse son sens et que le dieu des chrétiens pénètre le cœur des hommes, Marie elle aussi ressent une force mystérieuse, un appel fulgurant : elle quitte tout et part au désert à la recherche de l'Infini qui la délivrera de ses remords et de toute vie humaine.<br /> Marie la prostituée devient Marie des Sables et rentre dans la légende. A travers le roman de cette extraordinaire existence, Jacques Lacarrière nous entraîne au cœur de ce monde qui bascule en devenant chrétien ; Alexandrie, le désert, un dieu nouveau, Marie d'Egypte, prostituée des hommes et amante de Dieu. Jacques Lacarrière, auteur de Chemin Faisant, de l'Eté Grec et de En cheminant avec Hérodote, aborde ici sous une forme entièrement nouvelle une méditation qui l'avait déjà mené à Alexandrie et au désert d'Egypte, avec Les Gnostiques et Les Hommes ivres de Dieu.<br /> Marie D'Egypte est son premier roman.
L
J'ai vécu une expérience de désert qui me hante... Il m'a semblé rejoindre une dimension de grandeur et de vérité que je n'ai jamais retrouvée ailleurs. Une humilité aussi (les mots me semblent faibles).C'est là qu'on touche au divin de l'homme.<br /> Océania, je vous présente mes meilleurs voeux, des voeux pour vous, des voeux pour moi : continuez à nous communiquer tous ces textes et ces illustrations, source infinie. Merci!.
A
"L'homme, cette étincelle entre deux gouffres" Oui, j'ai été frappée par la même image que Ziza :-)<br /> <br /> Les récits du désert, les écrivains du désert m'attirent depuis toujours. Le Clezio et Monod, bien sûr mais tant d'autres aussi, plus ou moins inconnus, rencontrés par hasard.<br /> <br /> Je mets à part et tout en haut le magnifique récit de Jacques Lacarrière : Marie d'Egypte. L'avez-vous lu ?
N
J'ai lu jusqu'à la dernière goutte ce si beau texte <br /> sur la rareté.<br /> Merci
Voyage dans les mots
Publicité
Archives
Publicité