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Voyage dans les mots
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21 juin 2008

Océania (musique)

Fab___Sans_titre_21

[...]

Si c’était vrai ? …
Si c’était vrai que nous avons dans le corps une petite fenêtre qui laisse échapper l’âme pour lui permettre de fuguer vers plus vaste que soi ?
Lorsque le temps s’arrête, je crois que toutes nos fenêtres s’ouvrent afin que nos âmes partagent l’indicible.

Dans le roman Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, Vendredi le sauvage, au terme d’un combat corps à corps, tue Andoar, un bouc énorme. Du massacre en forme de lyre il crée un instrument élémentaire en tendant douze boyaux séchés en guise de cordes qu’il accorde tantôt à l’unisson, tantôt à l’octave afin qu’elles puissent retentir toutes ensemble sans discordance, telle une harpe éolienne dont le vent sera le seul exécutant. Les orbites tiennent lieu d’ouïes, ouvertes dans la caisse de résonance du crâne. Afin que le moindre souffle soit rabattu sur les cordes, Vendredi fixe de part et d’autre du massacre les ailes d’un vautour puis la harpe éolienne trouve place dans les branches d’un cyprès mort.

Une nuit de très grand vent, Vendredi entraîne Robinson vers la silhouette squelettique du cyprès. Ancré court à sa plus haute branche, le cerf-volant vibre comme une peau de tambour en une note unique, mais riche d’harmoniques infinis, musique véritablement élémentaire, inhumaine … 
Vendredi et Robinson, coude à coude, à l’abri d’une roche en surplomb, écoutent, communient.

Pourquoi en traçant ces mots cette histoire m’est-elle revenue ?
Quelle est l’analogie ?
Je pense qu’elle réside dans la communion de Vendredi et Robinson sous l’emprise du brame puissant et mélodieux dans une nature exhalant son souffle d’orage.
Elle réside dans l’alliance du noir dit le sauvage et du blanc dit le civilisé, du primaire et du raffiné, du combat de Vendredi contre la force brutale d’Andoar et de son instinct d’homme à créer une musique, une voix, de les partager.

Nous avons tous un Andoar en nous, le chemin d’une vie n’est-il pas de le transformer en musique intérieure ?

Dessin Faujas

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Commentaires
Z
C'est beau...j'ai lu cette anecdote sur un blog cet après-midi, mais le diable si je me souviens où! C'est un enfant qui passe devant un sculpteur en train de tailler un bloc de marbre, et qui l'observe intrigué. Il s'éloigne et puis reviens et demande: "Comment savais-tu qu'il y avait un cheval à l'intérieur?" Et la jeune femme auteur du blog s'interrogeait :"comment savoir si nous aussi, avons un cheval en nous?"<br /> <br /> Andoar ou un cheval, j'espère que chacun d'entre nous recèle un extraordinaire...
D
Ce qui rapproche Michel Tournier de Jacqueline de Romilly, c'est l'Académie : Goncourt ou française. Au-delà de ces différences d'appellation, ce qui importe, c'est le fauteuil...
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