
Un bon tableau, dans un
premier temps, nous désapprend la parole et nous réapprend à voir. A soupeser, à placer, à distinguer à l'oeil nu le grenu du fibreux, le
mat du semi-mat, le dépoli du translucide ; à faire résonner au fond de soi la
silencieuse intensité d'un outremer, le jeu changeant des rayons lumineux sur
une surface vernissée, et le glacis flamand fait pour la semi-obscurité d'un
intérieur d’hiver n'est pas le satiné vénitien de ces palais aux baies ouvertes
sur le large été. Bonnard s'amusait, on...
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