Dario Fo
Dans le théâtre sérieux,
n'allez pas croire que la réaction du public ne soit pas perceptible. D'abord
il y a le silence, et le moindre murmure ou frisson fait comprendre si on est
ou non dans le droit chemin Les sièges qui grincent ou les pas de ceux qui s'en
vont sont un signal infaillible. De mauvais esprits prétendent qu'on a
introduit moquette et velours pour éviter aux acteurs la honte de s'apercevoir
que le public s'ennuie. Autre signal, la toux... pire que les sifflets et
bruits de bouche divers. Il y a aussi les papiers de bonbons : quand on
s'ennuie, on fouille dans ses poches ou dans son sac, et on retrouve toujours
le bonbon datant de 1932 qu'on se met à dépiauter, cric, cric, crac, en faisant
un bruit tel qu'on le croirait enveloppé dans de la tôle.
In « Le gai
savoir de l’acteur »
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