Guy Goffette
Parce que, tout de même,
un homme, c'est bien autre chose que le petit tas de secrets qu'on a cent fois
dit. Bien autre chose, en deçà et au-delà de l'histoire qui le concerne, comme
un pays sans frontière, et l'horizon ne tient la longe qu'aux yeux.
C'est un pays rêvé quand
on ne rêvait pas encore, et c'est le rêve d'un pays qui vous mène quand tout
dort, quand on est soi-même endormi. Au réveil, ça vous colle à la peau. Ça
vous remplit et ça vous vide tour à tour. La plénitude et le manque, systole,
diastole, flux, reflux, qui font aller l'homme comme la mer, d'un bord à
l'autre de lui-même.
Parce qu'un poète, c'est
toujours un pays qui marche, dressé comme une forêt, et traînant dans sa langue
une terre d'exil, un paradis d'échos.
In « Verlaine
d’ardoise et de pluie »
Photo jlg30 « La flèche »
(Zyeuter)