Océania (Rome 1)
Cet homme massif, taillé
à la serpe, a des délicatesses de jeune fille.
Au marché, des fruits, tomates,
riz, nourriture pour les chats errants.
Va visiter, moi je
cuisine !
Quand je reviens, le plat
sort du four : tomates dorées farcies de riz baignant dans une sauce orangée,
parfumée à l’ail, basilic, persil, quelques pommes de terre moelleuses.
Du vin gouleyant.
C’est bon tout cet or
bruni, croustillant, fumant, odorant.
Il découpe une pêche dans
le vin...bevi, bevi che ti fa bene !
Parole, il aime la vie !
Ses racines prennent dans une terre grasse, généreuse.
Je mange trop. Ce serait
insulte que de refuser.
Chapelle Sixtine. J’en
parlerai moins bien que des tomates.
Il faut d’abord subir la
multitude aux aisselles suantes dans la moiteur d’un orage imminent.
Oui, je vois.
Oui, j’enregistre.
Grandiose beauté.
Se référer au catalogue,
s’il vous plaît, je manque de souffle.
Je reviendrai. La foule
m’ennuie. Je me sens touriste.
Botticelli, Michel-Ange,
Raphaël, c’est trop en une fois ! Touchée !
J’ai mal à la nuque
d’admirer le péché originel. Je sors.
La pluie grasse et
chaude.
Les petits japonais courent
dans leurs imperméables transparents,
Asahi Pentax en
bandoulière.
Ma place préférée est la
table d’architecte.
J’écoute la musique,
Django, Brubeck, Modern Jazz Quartet, Odetta
Mais aussi Bach, Mozart,
Vivaldi.
Giorgio me laisse vivre.
Fais comme tu veux.
Je fais comme je veux.
Nous venons de réparer la
tuyauterie de la cuisine sur des airs napolitains,
mama, amor, décibels et
trémolos...
Pourquoi écris-tu ?
Le trop-plein, Giorgio,
le trop-plein...
Le trop che ?
Chapelle Sixtine