Salah Stétié
Il faudrait sur la vie et
son précieux liquide consulter les livres savants. Aujourd'hui, on en sait
beaucoup sur la chimie du vivant, sur cette logique magnifiquement
irrationnelle, sur cette folie efficace à cause de toute la sagesse qui
l'habite. Je n'aurai jamais la patience de lire ces livres ni l'outrecuidance
de chercher à les comprendre.
C'est par la poésie,
c'est par l'intuition que j'avance, à pas lents, à pas prudents, vers les
choses et plus encore vers les êtres, vers les principes jamais mathématiques
mais rigoureux, infiniment rigoureux selon leur style et leur nature, qui sont
principes de ces êtres et de ces choses.
Je sais comme tout un
chacun que la vie est prison et que tout l'effort de l'esprit et, plus
profondément, de l'âme, de cela que nous appelons l'âme, - et aujourd'hui
encore -, que tout l'effort de la vie et de l'âme est de briser les murs de
leur cellule.
Cellule est la vie à son
point de départ biologique, cellule est-elle jusque dans son accomplissement :
étincelle dans un cas, sévère claustration dans l'autre et c'est, pour dire
l'une et l'autre, le même mot.
Cellule : ce qui ouvre et lance et projette en avant ; cellule
: ce qui bloque.
La lymphe poursuit sa
montée de sève dans les branches de l'arbre et ses embranchements, la lymphe
est fragile, mais sans elle : rien. Aussi regarderons-nous de tous nos yeux les
yeux aveugles de cette fée par qui seule nous regardons et voyons. Mille soucis
nous habitent et les voici qui, de soucis, se font fleurs. La vie est plus vive
que la vie.
In « La nuit de
la substance »
Photo cellule de peau
humaine