Salah Stétié
Vivre. Tout dans
l'univers est tissu, tout est froissement et diaprures. Mais ce n'est
qu'apparence et la lave est partout sous-jacente à l'organisation de surface
qui porte trace des tumultes originels, et ces tumultes ne souhaitent, volcans
en mal de réactivation, que de reprendre leur activité et les attributs
violents de leur règne.
Sous la croûte, le feu
liquide. Sous la peau, et par le charroi de la lymphe, le cancer.
L'émerveillement n'a qu'un temps : féerie pour une autre fois.
De toute façon, je l'ai
dit et le redis : ce sont mauvais poètes ceux qui tiennent boutique
d'émerveillement.
... Et pourtant il y a
toujours, dans un matin du monde, lymphe et nymphe confondues, un arbre qui se
détache très seul dans les premières rougeurs et qui, à la lumière naissante,
donne un liséré d'ailes.
In « La nuit de la substance »
Photo Dan