Michel Deguy

Il est besoin d'un lecteur d'un geste d'un papier

D'un miroir Tu es visage ma feuille mon échancrure

Je suis le tissu pour que tu sois ton vide La surface

Pour que froisse la main L'aber où l'eau s'aiguise

Racine où le sol tressaille Ton blanc mon noir

Le creux pour ma difficulté le blanc pour que je sois

Ce dessin que je ne serais pas Tu es peau pour

Mon alphabet J'étais l'air pour que tu n'engorges

Alvéole pour que tu fusses arcade.

In « Donnant Donnant »

Dessin Faujas

Comments

[totem]

L'un dans l'autre, au besoin de connaître, l'absence me fut instructive, du contenant au contenu....du néant à l'absolu.

[D. Hasselmann]

Un poème est aussi un déguisement de la parole qui prétend dire ce qu'elle cache et dissimule ce qu'elle profère : chacun ressent, comme les entrelacs du dessin de Faujas, de multiples pistes ou des ouvertures nouvelles.

Michel Deguy aime bien le vélo, d'ailleurs.

[Chr. Borhen]

Nouveau nom pour votre blog (proposition) : la chercheuse d'or.

[jackie]

Un miroir déformant, selon ses facettes où chacune d'elle serait, un passé, un présent, un devenir et tu t'y glisserais pour une échappée, pour un tourbillon, pour un abandon...Plus d'envers, plus d'endroit où le visible rejoint l'invisible, où ton moi rejoindrait ton surmoi,
alors quoi, tu ne te reconnais plus...normal, la vie et ses dessous, le voyage dans l'intemporel...Jackie

[FERBER]

Quelque part tout se noue, papiers, tissus, humains, alphabets... au fil des vies les métiers les tissent, ceci ne cesse de vivre à mes côtés.
“Ceci m'a frappé: que nous puissions accueillir tant de choses-livres, pensées, paysages, êtres humains-sans jamais mesurer la nature ou l'étendue de cet accueil. Je ne pense pas ici à la culture, mais à l'espace de l'âme. Voici l'énigme: cet espace, ses lieux, ses limites, ses chemins.”
A. Berman – lettres sur le romantisme allemand -
sur inter prêter j'ai beaucoup apprécier votre vivacité et justesse par le poème laissé