Océania ( "La Courroie")
http://www.lacourroie.org/lacourroie/La_Courroie.html
Le lieu est digne d'un roman
policier ou d'un récit science-fiction : à 17h en hiver, une usine
désaffectée du XIXème siècle au bord de la Sorgue, à Valobre, Entraigues.
Elle servait à la
trituration, broyage de la garance, de la ramie (ortie)
Aujourd’hui, elle est
reprise par une mère et sa fille qui en font un lieu lié à la musique.
Mais aussi d'accueillir,
comme la Villa Medicis, des créateurs en veine d'idées, de projets.
Au bout d'un chemin de
terre, parking champêtre, une grande bâtisse en ruine, ce qui a déjà été restauré n'est pas
visible au premier coup d'oeil. Promesse d’une harmonie future.
Des silhouettes drapées
dans de longs manteaux sombres,
certaines coiffées d’un bonnet rouge ou multicolore sautillent pour éviter les
flaques et les bourbiers. Les regards se rencontrent, complices de cette
situation.
L’accueil consiste en une
grande, très grande salle impersonnelle, une longue table sur laquelle
attendent d’épaisses couvertures SNCF bleues et rouges ornées d’étoiles.
Chacun prend la sienne, si
jamais... la froidure.
Une autre table, petite,
où les tickets à 10€ sont délivrés. Tout le monde sourit, se rencontre comme en
pays connu. Ce n’est pas branché ou mondain, l’ambiance est légère presque
amicale.
C’est normal, ce normal
pour moi qui ne se constate que rarement.
Nous sommes ici, tous,
dans le même but : écouter, recevoir.
Au plafond, éclairant la
salle où des personnes parlent, échangent, pend une grosse boule transparente
dans laquelle des ampoules sont reliées par des fils rouges.
Lumière et humanité, fantaisie et chaleur par contraste.
Nous entrons dans le long et large atelier béton, quelques marches de hêtre blond, fenêtres blafardes en cette saison mais belles par leur architecture, murs décrépis, fils électriques apparents, des trous à gauche à droite, des piliers, des graffitis. Tout cela dans la pénombre.
Des chaises sur une
dizaine de rangées. Brouhaha des prises de place.
Dans le coin, face aux
rangées, une cheminée énorme dans laquelle brûlent des troncs débités.
La flamme est haute,
belle, chaude.
Entre la cheminée et les spectateurs, deux fois deux palettes superposées sur lesquelles repose une planche en aggloméré. Un tabouret, un lutrin, la lumière dorée de deux spots.
Il arrive, luth à la
main, homme grand d’apparence juvénile, cheveux mi-longs bouclés.
Il nous explique la
difficulté de lecture et d’interprétation des partitions de JS Bach dans ces
œuvres pour luth. Un luthier a adapté son instrument pour ne pas attenter à
l’écriture de Bach.
JS Bach ! C’est pour
lui que je suis ici avec l’espoir que le choix se soit fait sur les prélude,
sarabande, gigue, gavotte du CD qu’un jour lointain un ami cher m’a offert.
Musique qui me comble.
L’espoir devient réalité
et j’écoute... j’écoute... parfois les larmes aux yeux.
Avec douceur, le cœur défaille...
.
Grand feu lumineux, généreux,
silence des humains, rien ne bouge sauf les mains de l’homme, Eric Bellocq, sur
le luth pâle, délicat et féminin... bombé et angulaire... la musique ciselée coule et se détoure.
Elle règne, elle
imprègne. Elle touche l’être qui fait silence. Qui est.
Offrande reçue dans un
atelier désaffecté qui nous affectionne.
Encore s’il vous plaît, encore !
Photos Océania,
sauf les fenêtres (?)
Déclaration
à la sous-préfecture de Carpentras. LA
COURROIE. Objet : création, développement et
gestion d’une salle de concert et d’enregistrement, d’atelier de facture
instrumentale, d’une bibliothèque et partothèque musicale, de locaux de
répétition ainsi que des locaux destinés à l’accueil de résidences d’artistes,
de stages, conférences, master classes et expositions liés à la musique ;
la restauration, l’aménagement, l’exploitation et l’entretien de la Courroie,
batiments et terrains situés sur l’ancien site industriel de Valobre à
Entraigues-sur-Sorgue, dans le respect de l’environnement et le souci de
conservation et de mise en valeur du patrimoine architectural. Siège
social : 120, chemin du Barrage, 84320 Entraigues-sur-la-Sorgues.
Courriel : lacourroie@wanadoo.fr. Date de la déclaration : 30 janvier 2006.