Jean-Marie Kerwich
Le chiffonnier des
mots
Je n'écrirai plus. Je
réapprendrai à ne pas savoir écrire. Cette vie d'écriture ne fait pas partie de
ma condition de nomade. Je ne suis pas fait pour la littérature. Je suis de la
race des arbres, je crie avec le tonnerre quand il s'annonce. Je ne suis qu'un
vagabond, un chiffonnier des mots qui ramasse des pensées enguenillées au
bord du chemin de son âme. C'étaient les fleurs sauvages, les feuilles mortes,
la pluie, le vent, les ronces et les arbres qui me demandaient de parler de
leur vie. C'était une décision divine. Quand je rallumais mon feu de bois et me
promenais dans des sentiers inconnus j'avais enfin appris à lire et à écrire.
L'écriture était la roulotte où je vivais, mes poèmes étaient mes chevaux, mes
pensées mes petites gitanes. Mais maintenant je dois retrouver ma vie nomade.
Il est temps d'atteler mon coeur et de partir.
In « L’Evangile
du gitan »
Photo Océania