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Voyage dans les mots
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29 octobre 2008

Pierre Jean Jouve

V



Description

Le corps avait une finesse de liane en même temps que la robustesse d'une tour, fortement établi sur les jambes un peu disjointes tandis que, par une très légère cambrure des cuisses, ressortait le bassin central. Les hanches minces, presque droites, ce qui les rendait plus sensibles, l'abdomen largement étalé avec le nombril creux, un pli horizontal marquant la nais­sance du torse, et celui-ci portant en saillie deux seins petits et graves, d'une mollesse juste, les mamelons brunâtres sur de larges aréoles. Ces seins à peine lourds, juvéniles et pleins, pou­vaient être couverts avec une main, mais résistaient par leur épaisseur voluptueuse. Peu de duvet sous l'aisselle ; pour que le principal objet à contempler, dès qu'elle avait été nue, fût la toison du pubis, violente, frisée, d'un brun sombre et largement triangulaire.

Sous la chevelure noire, un vrai casque, elle avait des yeux de poids semblable, occupés par un regard pénétrant et triste, et un nez droit ayant à l'extrémité une pointe assez dure comme les figures des vases grecs. De ses pieds longs, dessinés et sveltes, dont les ongles étaient peints à l'or, jusqu'au creux des reins comme une vallée après de souples montagnes, et de sa taille légèrement en urne jusqu'à ses épaules plates : elle avait la certitude d'être un corps plutôt maigre comme il convient à l'indécence, et sans défaut, et elle offrait volontiers à la vue la blancheur sibylline de sa peau avec la considérable touffe. Le moindre mouvement faisait sentir sous le galbe une familiarité barbare.

 

In « Proses »

Photo Océania, Villa Cimbrone, Ravello

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Commentaires
T
"...comme une vallée après de douces montagnes..." la métaphore file agréablement et le survol langoureux de ce texte nous enchante.
J
dans son regard lointain, impénétrable, elle est absente, et pour le moins, présente à la fois ; de par sa posture, qui nous invite à la regarder de plus près, à s'approcher et enfin pourrait-on dire, interpelé? sa féminité, certes, sa prestance<br /> soulignée, mais je ne sais quelle grâce se dégage d'elle : à ce point incontournable, quoi de plus désorientant. Elle a cette élégance qui se remarque à peine aujourd'hui, et de son naturel<br /> elle incite à une approche, magnifiée...Jackie
A
Et bien, voilà un aspect de PJ Jouve que je connaissais pas !
D
Pierre-Jean Jouve était l'un des poètes auquel Thierry Metz aimait se référer.
D
N'est-ce point une photo de Paulina (mais pas prise en 1880) ?
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