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Voyage dans les mots
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14 septembre 2008

Botho Strauss

reve_constantin___Piero_della_Francesca



Le gardien attentif est le seul à ne rien attendre. Il fait face à un événement pour que celui-ci n'intervienne pas. Sa présence a pour fonction d'empêcher que quoi que ce soit d'inattendu ne se produise entre l'homme et le musée.

Garde-t-il les tableaux ou les vitrines ? Non. Il est là pour prévenir l'incident, c'est tout. S'il se produit, il fera quelque chose, certes, mais il se montrera extrêmement démuni, désorienté.

Ce qu'on exige alors de lui est tout à fait hors de portée pour sa nature de gardien. Jamais il ne pourra maîtriser tout seul le désordre. Il s'en remet aussitôt à un personnage plus puissant. Il n'est le souverain que d'une situation absolument statique. Veille- t-il ? Non. Il somnole. Il est traversé par la somnolence qui est celle de la situation inchangée des choses, et il ne perçoit ni l'es­pace, ni l'être humain, ni le tableau.

Lorsqu'il est arraché à cette somnolence, il est déjà trop tard : il ne peut parvenir et ne parviendra jamais, si rapide que soit son réveil, à avoir été un veilleur.

 

In « Fragments de l’indistinct »

Piero della Francesca « Le songe de Constantin » (détail)

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Commentaires
C
la côte amalfitaine! Quelle chance!
C
Un jour, au Louvre, l'une d'entre elles, me voyant attentif à une Annonciation d'un peintre flamand, changea la disposition des rideaux afin que la lumière soit meilleure. Délicate attention. Quelqu'un qui aimait la peinture, sans doute.
A
"le sommeil de la raison engendre des monstres "<br /> la belle affaire !<br /> "suis je le gardien de mon frère ? " <br /> mais la joconde veille !
K
hommage aux transparences des "petites gens" au milieu du royaume de l'égo.
D
Juin. Fin juin.<br /> Dehors, déjà, la chaleur, très chaud, l'esplanade brûle. J'entre dans le musée, désert, presque désert.Le public de l'expo Courbet est soluble dans la plage de Palavas ou d'ailleurs. J'entre, nous entrons.<br /> Dedans toujours chaud malgré la climatisation. Troisième salle je suis seul assis sur une sorte de banquette centrale. Je regarde "les vagues" de loin et j'ai chaud comme j'ai soif. Alors discrètement je prends la petite bouteille dans mon sac, la salle est toujours vide et comme pour ne pas gêner les tableaux je bois quelques gorgées en douce, presque caché.<br /> Mais big brother ici aussi veille sur nos "anomalies".<br /> Une gardienne arrive de nulle part.<br /> Elle à l'œil en feu, elle brille un peu à la commissure de cette bouche qui ne retient son envie d'hurler que très difficilement. Elle fonce sur moi, la main droite à quelques centimètres de son trousseau qui cache peut-être un taser, un flash ball, ou je ne sais quelle autre gadget répressif. Et de son air de caporal enragé elle me lâche un: "Faut pas boire! C'est interdit! si vous voulez boire vous sortez et c'est définitif la sortie!!" Définitif, le mot est lâché, définitif. Définitif.<br /> Je suis figé sur ma banquette,je viens de me faire tancer par une matonne de l'art, j'ai les jambes qui tremblent un peu. J'ai un peu moins soif, mais j'ai un peu plus peur, déjà avec toutes ces polices partout dans les rues, et tous ces militaires pré-pubères armés jusqu'au dents dans les gares c'est vraiment l'insécurité, si en plus je dois avoir peur dans les musées, alors je vais devoir me cacher dans un tableau.
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