Océania (L'église de Ménerbes)
14 septembre 2005
Tu as mis les voiles depuis une heure et demie à peu près.
Tu es à l’arrière, tendu vers l’avant.
Attentif à Océania, tout Océania : son enveloppe, sa
structure, son squelette, ses tripes, sa ramure, ses ailes, son entame dans
l’eau, son sillage et derrière son sillage Tahiti…
La nuit tombe. L’écume est peut-être lumineuse comme les
battements de ton cœur.
Plein, entier, complet, heureux, homme debout allant
jusqu’au bout de son rêve.
La journée commence, je me lève. Heureuse que tu sois heureux. Je souris vers toi.
*
* *
Midi sonne au clocher de Ménerbes.
Minuit sur Océania.
Assise sur un banc, sous un acacia, je regarde la porte
ogivale de l’église.
Harmonie. Je pense à la grand-voile d’Océania.
A gauche, un mur de pierres sèches éclairé d’une grille.
Derrière le mur, à travers la grille, le cimetière.
Petite prairie, ogivale elle aussi, avançant entre ciel et
terre,
quelques stèles archaïques plantées de guingois.
Ménerbes est bâti sur un éperon rocheux
tel un vaisseau mythologique dont la proue serait un
cimetière.
L’étrave est la mort fendant l’eau vive, mordant l’air
vif.
Je pense à Ulysse, à son voyage, je pense à toi, à ton
voyage.
Mon amour.
* * *
Traduire, montrer sans les trahir les choses simples.
Toi du côté du soleil, moi du côté de la lune…
Balancier du Tropique de l’Amour.
Ta parole brève, rocailleuse laboure ma terre,
mon étoile cabossée veille sur ta route marine.
Les mots écrits parlent.
L’encre passe par la plume du stylo pour tracer des mots qui donnent sens aux choses simples.
Je ne les garde pas pour moi pour qu’elles continuent à
vivre en toi.
Sens réel, l’encre de mon corps - mon sang - te charrie, je
t’aime.
Penser que tu vas t’endormir en m’aimant très fort….
A mon tour, je veille.
Accomplis tes rêves, viens à la rencontre de ton amour.
Photo Océania « Parvis église de Ménerbes »