Océania (Trier des livres)

Il y a quatre mois, j'ai décidé de trier les vingt cartons de livres dormant dans le grenier.

Je m'y suis mise.

Avec déchirement j'ai renoncé à sept cartons reprenant quasi chaque livre, le feuilletant en me demandant si j'allais encore le consulter, le lire, l'aimer...

La prison n'en voulait pas, l'hôpital non plus.

La bibliothèque du village a accepté.

Régulièrement, en allant faire mes courses, je dépasse le cantonnier  qui,

son sac en osier à la main, marche vers « la ville ».
Je l'embarque, c'est devenu une coutume.

Nous ne parlons guère.

Nous nous saluons et je le dépose.

Hier, même scenario, mais il me confie qu'il se rend chez le libraire.

Je le dépose au centre ville et me dirige vers mon rendez-vous.

Une heure plus tard, je dépasse Didier sur le chemin du retour.
Je l'embarque et nous parlons livres.
Il lit beaucoup, spécialement des ouvrages concernant l'environnement.

Il me demande si j'aime lire :

- Oui beaucoup...

- Mais n'est-ce pas vous qui avez donné des livres à la bibliothèque ?

- Oui

- Ah, ils m'en ont passé quelques-uns, il y avait des choses vraiment pas mal....

Nous étions souriants tous les deux.

Petite histoire qui me fait plaisir.

Certains de ces livres-là sont lus ou le seront.

Renoncer, parfois, c’est transmettre.

Dessin Quint Buccholz « Lob der Bücher“

Comments

[serriere]

C'est une bien belle histoire!
Et j'en connais qui ferait bien de suivre votre exemple! Moi, la première.

[Well]

Donne donc tous tes livres à ton Didier,
ainsi les lecteurs assidus des hôpitaux ou des prisons, ainsi que beaucoup d'autres à venir dans la lumière d'une reliure, sauront à leur tour très bientôt te remercier...

[agnès]

Chaque année, en septembre, je trie les livres, nos livres... Chaque année, je pense que je ne pourrai pas m'en séparer. Et pourtant, 1, 2 voire 3 cartons partent (gratuitement) vers les bourses aux livres, vers des amis, des associations.

Mais je n'ai jamais pu donner un recueil de poèmes !

[Ziza]

C'est une grande joie d'apporter, de donner à l'hôpital. Des BD, des livres de poche, des jeux, des dvds et puis des magazines pour les mamans. Des piles de magazines parce qu'ils disparaissent tout le temps et qu'il n'y en a jamais assez, et les journées sont si longues à l'hôpital...

[fabeli]

Passeuse de mots , Danielle, c'est bien ce que tu fais dans les pages de ce blog lumineux !