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Voyage dans les mots
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19 août 2008

Océania

arbre___cheval___Alain_Plenecassagne


Bonjour Dan,

 

« Il n’existe pas de lecture innocente,

 le mieux est de chercher de quelle lecture nous sommes coupables »

 

C’était le sujet d’un concours d’entrée en psycho d’un ami.

Il me fut soumis en guise de clin d’œil.

Il peut s’appliquer à maintes situations.

J’ai d’abord éprouvé un malaise, puis un agacement prononcé.

Je me trouvais devant un énoncé dont je refusais la culpabilisation primaire.

 

Ce dont nous pourrions être coupables

est de ne pas chercher à l’intérieur de soi,

de ne pas écouter notre musique personnelle.

Carence, absence d’une lecture de nous-mêmes.

Dans une œuvre d’art, ce qui ne se donne pas à voir au premier coup d’œil,

n’est-ce pas souvent ce qui nous touche au plus près,

une évidence que nous masquons,

un amour que nous refusons,

une révolte que nous jugulons,

une angoisse que nous masquons ?
Tous les mécanismes s’activent pour l’ignorer.

Innocence et culpabilité font partie de la sensibilité qui favorise

la compréhension de certains mots qui mis côte à côte,

forment sens ici et maintenant, pour nous, pour je.

Ce sont les bip-bip de l’existence qui nous mettent ces mots sous les yeux.

Quand ils arrivent,  restons en arrêt devant un sens qui se dévoile,

qui se fait miroir et nous met face à nous-mêmes.

Décryptons notre alphabet.

La chance de se lire.

Nous sommes coupables si nous fuyons,

si nous la laissons échapper par paresse, par lâcheté, par confort matériel.

Bien sûr, je suis attirée par des lectures, des films, des œuvres d’art, des activités,

des amis avec qui je partage et qui nourrissent ma sensibilité.

Quoi que j’aie lu-vu-admiré-accompli-fréquenté-aimé,

la culpabilité que j’ai pu ressentir ne provenait pas de l’Autre mais de moi-même.
Du désir, du manque, du masque imposé à l’être supposé impératif pour survivre.

Le fatras …


L’Autre, en face, fut et est toujours enleveur de bandeau,
révélateur de découvertes,  parcelles, étincelles.

Dans le calme comme dans la tourmente et parfois, rétrospectivement.

La finalité d’une vie ne consiste-t-elle pas à descendre,

à retrouver le tronc de l’arbre archaïque,
antérieur à la déviance-échappatoire, lorsqu’il était encore fût,
lorsque la vie était encore innocente ?

Un sens qu’on peut donner à sa vie est de tomber les masques,

devenir un arbre de haut fût.

 

Chercher les liens de nos masques n’est pas facile,

les nœuds sont cachés dans des lieux corporels de stockage.

Nous ne les voyons pas mais nous pouvons les toucher,

accepter de nous perdre dans les méandres du dénouement.

C’est d’une non-lecture dont nous pouvons être accusés.

 

Voilà ce que me fait cet énoncé qui ressemble à un piège.

Ces mots ne sont pas dogmes,

c’est ce qui m’est venu d’un seul pli.

Tant d’autres interprétations, réflexions,

approches, malaxages, ouvertures possibles…

 ….

 Janvier 1997


extrait d’une correspondance amicale.

Photo Alain Plenecassagne

 

Le billet de demain sera consacré à la réponse de Dan.

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Commentaires
L
Quele superbe texte! Rien à redire, il touche, interpelle, nous met face.., révèle, anticipe, oblige. Me donnez-vous l'autorisation de m'en servir en classe? (en citant la source bien sûr).
A
mais à quel crocheteur d'âme faudrait-il qu'on se confesse de ses lectures ? à quel tartuffe ? à quel psy-acariâtre ?la lecture n'est pas un vice <br /> et quand bien même il n'y a pas de mal à se faire plaisir en jouissant avec un texte. <br /> ---------<br /> quant au je que l'autre pèle comme un oignon jusqu'à la substantifique moelle de l'arbre archaïque ,je-autre trouve que au lieu d'épuration d'élagage c'est de greffe de boutures de l'autre dont on devrait s'enrichir pour déployer toutes les ramures d'un vaste feuillage sans lesquelles les "hauts fûts" ne sont rien alors que la canopée foisonne de vie .<br /> ----------<br /> peut-être suis hors sujet ?
S
Merci pour cette lecture...sourire - face à la mise en abîme -<br /> Le foisonnement est jubilatoire.
D
Ou comme celle sans appel de celui qui nous juge...
T
Les bip bip de l'existence sont-ils comme l'émergence des mots pleins et déliés où comme la voix sans issue de celui qui raccroche ?
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