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Voyage dans les mots
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29 juillet 2008

Nicolas Boileau (1636 - 1711)

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Tout doit tendre au bon sens : mais, pour y parvenir,
Le chemin est glissant et pénible à tenir ;
Pour peu qu'on s'en écarte, aussitôt l'on se noie.
La raison pour marcher n'a souvent qu'une voie.

Un auteur quelquefois trop plein de son objet
Jamais sans l'épuiser n'abandonne un sujet.
S'il rencontre un palais, il m'en dépeint la face ;
Il me promène après de terrasse en terrasse ;
Ici s'offre un perron ; là règne un corridor,
Là ce balcon s'enferme en un balustre d'or.
Il compte des plafonds les ronds et les ovales ;
" Ce ne sont que festons, ce ne sont qu'astragales, "
Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin,
Et je me sauve à peine au travers du jardin.
Fuyez de ces auteurs l'abondance stérile,
Et ne vous chargez point d'un détail inutile.
Tout ce qu'on dit de trop est fade et rebutant ;
L'esprit rassasié le rejette à l'instant.
Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire.

Souvent la peur d'un mal nous conduit dans un pire.
Un vers était trop faible, et vous le rendez dur ;
J'évite d'être long, et je deviens obscur ;
L'un n'est point trop fardé, mais sa muse est trop nue ;
L'autre a peur de ramper, il se perd dans la nue.

Voulez-vous du public mériter les amours,
Sans cesse en écrivant variez vos discours.
Un style trop égal et toujours uniforme
En vain brille à nos yeux, il faut qu'il nous endorme
On lit peu ces auteurs, nés pour nous ennuyer,
Qui toujours sur un ton semblent psalmodier.
Heureux qui, dans ses vers, sait d'une voix légère
Passer du grave au doux, du plaisant au sévère !

(Chant I)

 

photo Encyclopédie universelle (Pompéi) : tablette, cire, stylet, rouleau

 

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Commentaires
A
Plaisir cette voix<br /> qui s'oublie entre nuages<br /> et pluie.<br /> <br /> Plaisir ces mots formés<br /> lentement mâchés<br /> pétris<br /> qui roulent obstinément<br /> de la pensée à la gorge<br /> prennent chair et amplitude<br /> corps et souffle<br /> et nous habitent<br /> et nous comblent. <br /> <br /> ©agnès schnell<br /> <br /> OU :<br /> <br /> Je connais <br /> les matins sableux<br /> où la langue grince<br /> et s'empêtre<br /> où les mots n'ont de réalité<br /> que la lumière<br /> incertaine.<br /> <br /> Je connais ces rêves fous<br /> fixés sur une page mutilée,<br /> terre mise à nu<br /> labourée<br /> une fois de plus<br /> une fois de trop.<br /> <br /> <br /> ©agnès schnell
C
Maison de Paquius Proculus, à Pompéi. Portrait de Terentius Neo et de son épouse. Une des fresques que je préfère. Merci, Oceania.
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