Le cœur tournant
Les bijoux sont pris dans
la lyre
Les papillons noirs du
délire
Remuent sans y penser la
cendre du couchant
Autour des coeurs jetés
au fond des devantures
Sur l'avant-scène des
prairies et des pâtures
Comme des coquillages nus
devant la mer
Des regards qui se nouent
aux miens
Des visages sans nom des
souvenirs anciens
Diamants de l'amour qui
flottent sur la lie
Le secret émouvant du
sang de mon malheur
Il faut plonger la main
aux racines du coeur
Et mes doigts maladroits
brisent les bords du vase
L'émotion inconnue qui
fait trembler ta lèvre
Et ce froid trop cruel
qui emporte ta fièvre
Froisse dans tous les
coins le linon de ta peau
Dans la nuit de mon rêve
où seul je peux y voir
Je t'aime et tu n'es pas
encore sortie du nombre
Forme mystérieuse qui
bouge dans le soir
Une fois seulement sur ce
miroir sans tain
Qui déchire mon coeur et
meurt à la surface
Du ciel fermé devant mon
désir qui s'éteint
In, « Ferraille
1937 »
Sculpture : Nymphe de la Fontaine de Neptune, Ammanati 1560 - 1575