21 janvier 2008
Jorge Luis Borges
Moi
Le crâne, un cœur avec sa vie secrète,
Les chemins de mon sang dissimulés,
Et les tunnels du rêve, ce Protée,
Les viscères, la nuque, le squelette.
Je suis ces choses. Et, je ne peux y croire,
Je suis aussi une épée, sa mémoire,
Celle d'un soleil seul et déclinant
Qui se disperse en or, ombre, néant.
Je suis celui qui voit les proues, du port ;
Je suis ce peu de livres, de gravures
Fatigués par le temps et son usure.
Je suis celui qui jalouse les morts.
Et, plus étrange, l'homme qui assemble
Des mots chez lui, dans un coin de sa chambre.
In, "La rose profonde"
Photo Dauzonroch, Etang des Pesquiers, Giens
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