Botho Strauss
C'est aux laminés, aux illuminés, aux illusionnés, aux éliminés, aux fantasques et aux dérangés de l'opinion, aux ensorcelés de l'idée, aux possédés du préjugé, aux croyants impies, aux anachroniques, aux abusés et aux baragouineurs sans maîtrise mâchant la grosse perle noire, c'est à eux, qui ont eu la grâce de l'erreur, qu'allaient ma compréhension meurtrie, mon emphase fraternelle.
Personne ne sait à quelle vérité ils ont touché pour en parler avec une telle confusion !
Eux que n'a pas lâchés l'Un et le Tout, dont le cercle sacré fusionne le savoir et l'idiotie, et qui tiennent sur lui des discours insondables, sous les quolibets de ceux qui veulent nous éblouir avec les finesses de la vraisemblance et alignent les démonstrations de cristal à travers lesquelles il nous est permis d'admirer la beauté sans tache des cohérences et des conclusions - afin que nous ne nous interrogions pas davantage sur la vérité ; car, la vérité, comme elle serait indécise, opaque et brute sans doute !
Que voulez-vous savoir ? Les plausibilités ligaturent l'entendement. Sachez des débris... !
In, "Fragments de l'indistinct"
Peinture : Pinturicchio, "Discussion de Jésus avec les docteurs"