Par toi réveillé
L’amour par toi réveillé est trop ample
quand il gonfle les voiles d’un bateau porté
par la crête d’une haute vague vers toi,
celle qui vient mourir
entre les coquillages scellés par le sable.
Fougueux,
vibrant de tout son mât,
il tourbillonne son plaisir
dans le sillage d’écume
qu’il trace vers toi.
L’amour par toi réveillé est trop sonore
quand il roule ses baguettes sur la peau tendue
d’un tambour coloré d’absence, de distance.
Il faut le feutrer pour mieux l’entendre,
incroyable d’être aimé comme ça
simplement, intensément
étreignant un cœur
qui a connu toutes les guerres.
Caparaçon, armure :
il faut se protéger des mots
ce ne sont que des mots
qui tâtonnent et ânonnent
chant discret sur une surface d’airain
voilée de papier de soie chiffonné
comme un secret qui sourd
L’amour par toi réveillé est trop brillant
quand les persiennes ne sont pas baissées,
la pénombre diffuse un supplément d’âme.
Ta peau sous mes doigts,
lumineusement s’aimer.
L’amour par toi réveillé est vivant,
émouvant présent, démarche droite
cambrure des reins, courbure du cœur
l’éclat d’un rire heureux
silence serein.