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Voyage dans les mots
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18 mars 2007

Patrick Declerck 2

page 27 et 28

L'amour. L'amour. L'âââmoûûûr. Ils n'ont que ça en tête, en langue, aux yeux, au fion.
L' amour est à la fois la question et la solution l'alpha et l'oméga. La réponse universelle. La guérison de tous les maux... Comme si l'amour ne portait pas sa part d'ombre, son ambivalence, sa haine cachée, sa destructivité dévorante... Comme s'il était autre qu'un affect. Comme si tout affect, de par son essentielle labilité, n'était pas essentiellement suspect. Comme si, enfin, comme si surtout, la pensée n'existait pas.
Il est vrai que la pensée est distance. Et le concept, froid. Il est vrai que la pensée est phallique puisque curieuse et pénétrante. Foncièrement, farouchement, épistémophile est toute queue.

Hélas, les temps sont vaginaux. La mode est à la chatte. À ses douces et indistinctes tiédeurs. À sa timide obscurité. À sa gentille confusion. À l'englobante et empathique compréhension, plutôt qu'à la castratrice distinction. Tous, à la table de la déesse Mère, sont invités. À l'auberge de la bien-pensance démocratomane, on entre au Royaume des Cieux comme dans un moulin. Christianisme encore. Christianisme toujours. Jésus est mort mais son insaisissable cadavre schlingue à tout vent. Cette peste est d'ailleurs la seule et indiscutable preuve de son omniprésence.

Pour autant, ils auront beau faire, l'amour sans sexe ne sera jamais qu'une sorte de choucroute sans saucisses. Approximative. Insatisfaisante. Incertaine. Et ne tenant pas au corps...

In, "Le sang nouveau est arrivé", Gallimard

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