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Voyage dans les mots
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16 mars 2007

La lutte de Jacob avec l'Ange

Jacob_Chagall_2

Monte en moi l'envie de vous parler d'amour.
De l'amour agapè qui accueille avec amitié, qui aime, qui chérit,
qui donne de la valeur à celui qui est aimé. Amour créateur.

La rencontre de Jacob avec l'ange est une grande rencontre.
Rencontre de l'Autre et de sa différence, entre autres
Leur étreinte n'est pas une lutte à mort, c'est une lutte à vie,
c'est une lutte amour.
Et prenant point d'appui sur sa force, il lui en faudra pour entamer l'entreprise Israël !
Et il nous en faut de l'amour, à nous, installés dans notre confort replet,
à l'affût de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, prompts au jugement, à la critique.

Retrouvons en nous l'enlacement amoureux, l'étreinte agapè de notre ange.
Se pencher, regarder, écouter est le premier amour. Le Haut Amour.
Payer de sa personne, devenir boiteux.
Qu'elle ou il puisse montrer sa faiblesse sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force.
La victoire de Jacob sur l'ange n'a pas résolu ses problèmes avec les hommes.
Les problèmes humains ne peuvent être dénoués qu'au niveau humain.
Et je ne crois pas à l'illumination soudaine, ni à l'inspiration géniale, ni à la science infuse.
Je crois au travail de fourmi, à l'apprentissage, au doute.
Je crois aux combats quotidiens dans les petites choses afin d'enlever ce qui encombre.
Je crois à la patience de la nécessité intérieure.
Plus c'est coriace, plus on touche à l'intime.

Dans le roman Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier, Vendredi le sauvage, au terme d'un combat corps à corps, tue Andoar, un bouc énorme. Du massacre en forme de lyre il crée un instrument de musique en tendant douze boyaux séchés en guise de cordes. Afin que le moindre souffle soit rabattu sur ces cordes, Vendredi fixe de part et d'autre du massacre les ailes d'un vautour, puis cette harpe éolienne trouve place dans les branches d'un cyprès mort.
Une nuit de très grand vent, Vendredi entraîne Robinson vers la silhouette squelettique du cyprès. Ancré court à sa plus haute branche, le cerf-volant vibre comme une peau de tambour en une note unique, musique véritablement élémentaire.
Vendredi et Robinson, coude à coude, à l'abri d'une roche en surplomb, écoutent.

Quelle est l'analogie avec l'histoire de Jacob ?
Elle réside dans la fraternité de Vendredi et Robinson sous l'emprise du brame puissant et mélodieux.
Elle réside dans l'alliance du noir dit le sauvage et du blanc dit le civilisé, du primaire et du raffiné, du combat de Vendredi contre la force brutale d'Andoar et de son instinct d'homme à créer une musique, une voix, de la partager.
Nous avons tous un Andoar en nous, et notre Lutte n'est-elle pas de le transformer en musique intérieure ?
Et de chanter juste.

Chagall - "Jacob et l'Ange"

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