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Voyage dans les mots
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12 mars 2007

Danielle parle de Christian Bobin

Sous la lampe hier soir, devant mes tartines ce matin, j'ai parcouru le nouveau livre de Christian Bobin : « La Lumière du Monde » et je souhaite partager ou communiquer toute la joie qu'il me procure.
Il parle, il dit à ma place - et j'imagine à la place de nombreuses autres personnes, du moins je l'espère - ce que je ressens et ne puis exprimer comme je le souhaite.
Joie de reconnaître sa propre émotion, joie de la trouver belle, simplement, désencombrée du fatras de la fausse humilité. Heureuse de ressentir ce qu'il dit si bien, si justement. Cela fait bruire mon âme, cela fait apparaître l'entrelacs doré de la trame de ma vie cabossée.
Il y a la reconnaissance de cela en soi qui aiguise les sens, gonfle le coeur et impulse le partage avec les personnes que nous aimons, les personnes à qui nous pouvons nous confier sans qu'elles vous jugent fleur bleue ou mièvre, parce qu'il est vrai que Monsieur Bobin touche le ténu, le ténu tenace de ce qui s'empêche de mourir en soi, qui se tait, qui est autiste à force de ne pas vouloir souffrir, il nous fait porteur d'un surgeon au pied du tronc initial qui permet de survivre.
Il dénude le visage et c'est un bonheur.
Il nous parle en retrait, la vue d'ensemble montre la forêt derrière l'arbre qui la cache et dans cette forêt, dans le fouillis des buissons enchevêtrés, il pointe le terrier ou éclaire le nid où reposent des oeufs fragiles prêts à éclore. Ce retrait laisse place à la vie, il apaise les griffures de ronces par la reconnaissance de ce qui est bon en nous, il nomme le manque et de le voir reconnu justifie ce que nous sommes, là où nous nous trouvons.

Je n'ai pas envie d'ironie, je ne veux pas qu'on abîme ma joie en critiquant ou en réduisant la qualité que j'attribue à ces phrases qui me touchent intimement en identifiant ce que j'aime en moi ou ce que j'aimerais atteindre. Je ne dis pas que tout le livre est de la même veine, je dis que là et là encore, la cible authentique est pénétrée en son centre qui fait apparaître la jeune fille sous le cerisier de Boubat. Pas étonnant, ils se connaissaient, ces deux-là !

Cette jeune fille irradiant de joie pure induit dans la femme que je suis aujourd'hui, celle qui grandit encore sur l'autre versant, la priorité de donner le meilleur d'elle-même pour quelque chose d'éphémère, c'est-à-dire le temps qu'il reste.
Un journaliste appelait cette capacité « l'esthétique de la fleur de cerisier ».

20 novembre 2001

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